Actualités muco - Interview Pr Férec, télégramme du 9 février 2011 Options

[Alex]

Directeur du laboratoire de génétique au CHU de Brest, le Pr Claude Férec estime que le bébé du «double espoir» est une opportunité pour les familles. Il souligne aussi que la réflexion doit entourer les questions de bioéthique.



Quelle est votre réaction à l'annonce de la naissance du premier bébé du «double espoir» en France?
Ce n'est pas très nouveau car les Anglais et les Belges avaient déjà mis en place cette possibilité. On est en train de rattraper notre retard par rapport aux pays voisins. Ce procédé est soumis à des conditions très particulières et a une utilisation extrêmement limitée. Il n'est probablement indiqué que pour cinq, voire six cas en France, par an. Je pense que c'est une bonne opportunité pour les familles concernées.

Un tel procédé peut-il constituer une piste dans le traitement contre la mucoviscidose?
Ah non, pas du tout. Ce sont vraiment des applications complètement différentes. Là, on est vraiment sur le choix d'un embryon en vue de traiter ultérieurement un frère ou une soeur qui est atteint de maladie. C'est une indication qui est limitée à certaines maladies, en particulier des déficits immunitaires, des maladies orphelines, des maladies qui relèvent d'un traitement par une greffe de moelle ensuite. On n'est pas du tout dans le même contexte.

Considérez-vous, comme le professeur Frydman, que les lois bioéthiques sont un frein aux avancées médicales?
Non, ce n'est pas un frein, mais c'est vrai que la France a été probablement l'un des pays européens où il y a eu une des réflexions les plus poussées. Donc, effectivement, on peut penser que les choses ne vont pas assez vite. Ceci étant, je crois aussi que ce sont des sujets tellement sensibles qu'on a besoin d'une réflexion qui doit très largement dépasser le cadre du professionnel. Ce sont des problèmes de santé qui engagent la société. Ce n'est pas à nous uniquement, médecins, de dire ce que l'on doit faire. Je crois que c'est normal que l'on prenne le temps de la réflexion sur ces problèmes-là.

Que pensez-vous du terme de «bébé-médicament», fréquemment utilisé?
Ce n'est pas le mot qu'il faut utiliser. Ça n'a rien à voir. C'est vraiment une chance qui peut être donnée à ces enfants et à ces familles d'organiser un traitement pour un aîné, par exemple.

Comprenez-vous la polémique qui entoure la naissance de ce premier bébé du «double espoir»?
On est effectivement dans un choix d'embryon, donc je vois très bien la polémique qui peut naître autour d'une dérive eugénique possible, mais là encore, ce qui prime, c'est la discussion et on est vraiment dans un nombre de cas extrêmement limité.


Source: télégramme du 9 février 2011

[ju!]

Merci Alex pour ceux qui ne prennent pas le temps de lire le journal!

On va sûrement en entendre parler, niveau éthique c'est pas évident..!
Mais c'est intéressant!